13-11-2008

Stéphane Pauvret

Plasticien, scénographe, vidéaste, ainsi que programmateur au cinéma, Stéphane Pauvret met en avant la rencontre humaine à travers de nombreuses collaborations, notamment en danse et au théâtre. Entretenant un rapport critique du spectaculaire et des traces laissées dans notre mode de vie, Stéphane Pauvret renverse les espaces habituels de représentation pour ouvrir à de nouveaux champs d’investigations. La scène d’un théâtre, d’un opéra, la surface d’un écran ou d’une photographie sont des territoires libres, où l’artiste opère par déplacement, ce qu’il nomme le phénomène de croissance dans l’art : la friction entre les arts plastiques et les arts de la scène. Cette rencontre s’appuiera pour l’essentiel sur sa récente exposition au Frac des Pays de la Loire, Juste une illusion, qui constitue une proposition plastique imaginée à partir d’une expérience vécue pendant trois mois avec des paysans dans un campement du Mouvement des Sans Terre, expérience d’un territoire réel, celui de l’architecture de survie, qui apparaît aux abords d’une ville, et qui est produite par des habitants refoulés à ses frontières. La périphérie sociale, urbaine et politique comme une donnée contemporaine, qui a donné naissance à son premier documentaire long-métrage, une réflexion autour de l’hypermodernité d’une mégapole, Sao Paulo et sa proche région rurale. Stéphane Pauvret est artiste et scénographe. Il développe dans son travail des approches multiformes (politiques, poétiques, expérimentales) toujours en lien avec la réalité, ses mouvements et ses illusions. Il y a trois ans, il était invité à Sao Paulo pour y former de jeunes acteurs et metteurs en scène Brésiliens. C’est là qu’il rencontre, Douglas Estevan. Mécanicien et récolteur de café à 13 ans, il est devenu metteur en scène, milite dans le mouvement des Sans terre et mène des chantiers théâtre au sud-est du Brésil. De cette rencontre est né un film documentaire passionnant. Il a suivi et filmé le projet de Douglas tentant de monter, en l’actualisant, une pièce de Pasolini avec les jeunes d’un campement rural. L’histoire du Brésil, celle des militants sans terre, la vie des paysans, la construction d’une utopie, le combat politique, la recherche théâtrale, et le texte de Pasolini se mêlent, rebondissent et se répondent dans un film/fable, sorte d’épopée contemporaine cherchant une issue, une réponse humaine, sociale, créative... L’exposition de Stéphane Pauvret au Frac procède de cette même démarche, de ce même lien au monde, à la réalité, expérimentant une multitude de formes, et de pistes. Il intègre dans ses dispositifs plastiques aussi bien le personnage que les textes de Pasolini, les pancartes des manifestants, le rêve urbain, l’exode, les habitats de survie, le rémouleur qui siffle dans les rues, et le football, déplaçant le champ artistique vers l’espace d’une alternative politique en lien avec la vie. C. Cesbron