05-02-2009

Fabrice Neaud

Depuis 1994, Fabrice Neaud a entrepris un projet novateur et ambitieux : réaliser son journal intime en bande dessinée. Au fil de ses albums et récits complets, en utilisant la bande dessinée dans ce qu’elle a de plus riche et de plus spécifique, Fabrice Neaud renouvelle sans cesse ce média, tout au long d’une œuvre forte, dense, complexe et variée. On trouve de tout dans l’œuvre de Fabrice Neaud : beaucoup d’émotion et une vive sensibilité ; une réflexion sur notre société, ses valeurs, l’exclusion et la tolérance ; des références picturales, mythologiques, sociologiques, musicales, littéraires et philosophiques ; des réflexions sur l’art et l’amour ; des trouvailles formelles innovantes ; une touche d’humour ; des dessins superbes... De sa formation en école d’art à ses expériences amoureuses, une vie se trace à partir des cases de la BD qui deviennent les plans d’un film possible. On pense aux scénarimages, à l’autofiction, au reportage, mais au-delà des catégories établies, c’est une forme de récit que l’auteur invente, et surtout une figure qui peut être comparée à «l’ homme sans qualité ». La distance critique, d’abord appliqué à soi-même, produit une oeuvre singulière qui peut dialoguer aussi bien avec le champ de la bande dessinée, du cinéma et des arts visuels. Fabrice Neaud :  «  Or il me semble que l’autobiographie est précisément le seul endroit où le personnage censé être le narrateur n’autorise pas que le lecteur s’identifie. Au contraire. Il me semblait que l’autobiographie, avec son « je », interdisait au lecteur de s’identifier, l’obligeant même à regarder enfin l’Autre comme une altérité définitive et irréductible", dit il dans un autre entretien avec Sébastien Soleille, Discussion avec Fabrice Neaud (1)