15-03-2017

Antoine Idier

Docteur en sociologie et responsable de la recherche à l’école des beaux-arts de Cergy, Antoine Idier vient de publier une biographie et un recueil des articles de Guy Hocquenghem (1946-1988), journaliste, écrivain, théoricien et militant de la cause homosexuelle, co-fondateur du FHAR (Front Homosexuel d’Action Révolutionnaire) après 1968. Guy Hocquenghem est l’une des voix importantes dans les années 1970 pour une théorisation de l’homosexualité (Le Désir homosexuel, 1972 ; Co-Ire, avec René Schérer, 1976) mais aussi pour une réflexion sur le système politique et social français et son refus du métissage (La Beauté du métis, réflexions d’un francophobe, 1979). Il est l’un des premiers journalistes à dévoiler son homosexualité en 1972 dans un article du Nouvel Observateur, avant de rejoindre la rédaction de Libération. « Hérétique, libertaire et radicale », la pensée de Guy Hocquenghem « prend appui sur une sexualité et une subjectivité minoritaires » : cette conscience du minoritaire fait de lui un observateur impitoyable des compromis idéologiques des anciens de mai 68 cherchant, dans les années 70 et 80, une place proche du pouvoir, et notamment des anciens maoïstes devenus
« nouveaux philosophes ». Il consignera ses observations dans deux ouvrages : L’Après-mai des faunes, puis plus tard Lettre ouverte à ceux qui sont passés du col Mao au Rotary. Hocquenghem, comme Jean Genet, ne sépare pas le politique de l’érotique ; il incarne mieux que quiconque l’esprit de 68 dans son usage immédiat et radical de la liberté : non pas dans la perspective d’inclure de nouveaux droits et modes d’existence dans la société, mais au contraire d’en détruire les normes afin de les faire exister.
Antoine Idier, Vies de Guy Hocquenghem, Fayard, 2017. Guy Hocquenghem, Journal de rêve, Verticales, 2017.

17h