Fouad BOUCHOUCHA
Amélie DERLON CORDINA
Wen Yang LIU
Laurie SANQUER
Chen YANG
Séminaire à Moly-Sabata du 1er au 3 février 2010,
réunissant les étudiants de l’École du Magasin de Grenoble
et les artistes en post-diplôme de l’Enba Lyon.
Amélie DERLON CORDINA
Née à Martigues, le 10/12/1985

"Je l’ai écrit en voyant vos films, instinctivement (il n’y a pas d’autre mot !), mais par contre c’est juste une note prise au vol, au magnéto : c'est de l'oral.
Il y a une nonchalance dans la vidéo, celle qui sans doute exaspère lorsqu’elle devient maniérisme, mais il y a surtout comme le tapis du temps qu’elle retire sous le pas des acteurs, comme pour passer de l’existence à l’essence, comme pour creuser ce qui d’habitude ne jouit que dans son emportement.
Le cinéma c’est l’art du mouvement, l’émotion première du saisissement de la vie en fuite, avec les fabuleux débuts de la chronophotographie, la vie même en train de naître sur la pellicule grâce à ce spasme, cette saccade de la griffe, diastole et systole, obturation et lumière. Au contraire, dans son lisse non fractionné, la vidéo creuse le temps, l’évide, pouvant tomber tout aussi bien dans la nuit et dans la vacuité. L’acteur est sur un tapis roulant : il court sur place.
Le cinéma a tout de suite voulu raconter des histoires, un polar, s’installer dans le syntagme du récit, alors que la vidéo empile des paradigmes, infiltre les aventures de digressions. Le livre cinématographique a été ouvert et déployé par la vidéo à la façon des encyclopédies chinoises, avec une immensité d’accordéon qu’on n’attendait pas ; la vidéo donne de la géographie à l’histoire du cinéma ; elle lui a ouvert des sentiers de traverse, des méandres inconnus ; elle déploie un carte là où il n’y avait qu’un trajet, une ligne."
Onuma Nemon novembre 2009


L'air est filmé en premier; vent, chaleur, intérieur… Un autour, des alentours. Un environnement à posteriori (connu ou pas) ou pas ; celui que je construis et cherche (la réinvention d'un espace intérieur).

Cet Environnement-Mère, Maître, enveloppe celui que j'ai choisi comme personnage, lui et son geste. Dans ce présent filmé j'oublie ce pourquoi je les ai choisis et ne leur demande de n'être plus qu'un geste. Il y a cette vérité de laquelle je ne veux pas parler.
Je fais un film pour les peintures de Jean Rustin; DAILY LIFE (Déc. 2008). Avec un Mur comme aplats gris, son sol, sa porte qui ne donne sur rien, on se surprend à ne même pas imaginer ce sur quoi elle donne : on est dans ce qu’elle referme, sans autre possibilité. Daily life ou The way of life. / ON N'ARRIVE PAS À LA PLAGE EN CINQ MINUTES (Juin 2009) pour Julie la fille-personnage que j'ai filmé dans une partie du paysage de notre enfance. En juin entre midi et deux, entre Martigues, Port-de-Bouc et Fos sur Mer.
Ils sont des dons inutilisables ; ils sont ce que j'en vois, du temps, le nôtre, et aussi de cette surface.
Construction, le mécanisme est adaptation et plagiat dont je pourrais énumérer chaque nom ou situation.

extrait d’un texte à propos de ce que doivent être les personnages de mes films
Devant un nature mère épaisse comme les murs protecteurs d'une église, il y a cet homme né pas loin d'Assise qui décidera de consacrer sa vie à une chose, à la recherche de laquelle il partira. Vivant dans les hauteurs, il roulera, cycliste surement il descendra. Descendra vers le plat. Remontera toutes les nuits dormir dans ses sommets. Et chaque jour il ira plus loin. Débarrassé de lui même, ce demi-sage comprendra qu'en ayant de volonté donné sa vie à la recherche de, c'est que précisément il l'avait trouvé. "Méditer en roulant est un aveux d'épuisement"*, crevé il tombe, trop bas il ne remontera pas dans la minute.
*"Le Chrono" de Maurice Roche