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Du 18-05-2021 au 29-01-2022

Le Mur d'Omar Castillo Alfaro - Tlaltic

© Anna Jan
© Anna Jan 
© Anna Jan
© Anna Jan
© Anna Jan
© Anna Jan
© Anna Jan

Omar Castillo Alfaro, étudiant en quatrième année en art à l'Ensba Lyon a été invité à investir l’espace d’exposition du Mur à l'espace rencontre. 

" Tlaltic

[La couleur de la terre en nahuatl*]

La modernidad nos llegó a San Lorenzo Sayula y dejó a un lado un saber-hacer que mi familia ya no pudo desarrollar, a ello, colocó a las mujeres con las que crecí como responsables de gestos que no me fueron transmitidos, como el bordar y cocinar, solamente me dejaron observar. No fuel lo único que se perdió en mi familia sino mi territorio desvaneció una historia prehispánica y posteriormente olvidó  una comunidad que migró a los EEUU. Los cuerpos fueron desaparecidos, San Lorenzo los remplazó por el dinero  que afectó nuestra estética pueblerina. Me tocó observar paredes de tierra, colores sobre telas y manos que generaban gestos que daban formas llenas de colores y texturas.  Observé grandes montañas de piedras, tan grandes como lo fueron en su momento, como lo fue Teotihuacan. Me quemé los ojos de tanto mirar, me quemé como Teotihuacan, pero antes de quemarme me intoxiqué y fueron ellos quienes nos intoxicaron, fue su color rojo, ese polvo  rojo que mata. Una vez muerto, la modernidad nos hizó cambiar de tierra, me obligaron a vestirme y hablar distinto, me obligaron a « aprender », me obligé a aprender química ; me obligé a trabajar en una mina para explotar la tierra y un día ya más muerto en el inframundo me obligé a regresar a mi casa, a mi casa de tierra. Ahora reaprendo todo lo que me dejaron como herencia en mi familia, ahora tejo un muro con hilos de tierra y paja, ahora reaprendo a no olvidar a no quemarme y a no morir.  

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La modernité est arrivée chez nous, à San Lorenzo Sayula, un petit village comme tant d’autres au Mexique, et elle a écarté nos savoir-faire, comme ceux liés aux constructions de maison en terre crue. Dans le contexte où j’ai grandi, les femmes étaient détentrices de gestes (broderie, cuisine...) qu’elles ne m’ont pas transmis. L’unique chose que je pouvais faire, c'était regarder. Pas plus.

Ce n'est pas la seule chose qui a été perdue dans ma famille.

Mon territoire a effacé son histoire préhispanique etensuite il a oublié la communauté qui a migré aux États-Unis. Leurs corps ont disparus, ils ont été remplacés par l’argent envoyé à San Lorenzo. Cela a affecté l'esthétique du monde rural avec de nouveaux modèles d’architecture.

J'ai observé des murs en terre, des couleurs sur des tissus et des mains qui généraient des gestes donnant des formes pleines de couleurs et de textures.

J'observais de grandes montagnes de pierres, aussi grandes que la cité de Teotihuacan** l'était en son temps. J'ai brûlé mes yeux à force de regarder, j'ai brûlé comme Teotihuacan, mais avant de brûler, j'ai été intoxiqué et c'est les morts de Teotihuacan qui nous ont intoxiqués; c'est leur couleur rouge, cette poussière rouge qui tue.

Une fois mort, la modernité nous a fait quitter notre terre, j’étais obligé de m’habiller et parler différemment, ils m'ont forcé à « apprendre », je me suis forcé à apprendre la chimie.

Je me suis forcé à travailler dans une mine pour exploiter la terre et, un jour, déjà plus que mort dans l’inframonde, je me suis obligé à retourner chez moi, dans ma maison de terre.

Maintenant je réapprends tout ce qui m’a été laissé en héritage par ma famille, maintenant je tisse un mur avec des fils de terre et de paille, maintenant je réapprends à ne pas oublier, à ne pas brûler et à ne pas mourir. "

 

Remerciements

Marie de Brugerolle

David Rossi
Julien Printemps
Charline Gibaud

Anna Jan

Alexandre Rabot
Felix Luna

Philippe Durand
Sofia Salazar
Raphaëlle Sabattié
Léa Coutant
Laura Houbloup
Mickäel Salvi
Eglantine Laprie-Sentenac
Camille Pautasso
Madeleine Faburel
Nicolas Kyrillou
Zoé Metra
Sarah Janin
Bernard Demeure
Valentin Derom

Estelle Pagès
Nathalie Pierro

Espace rencontre au 2ème étage de l'Ensba. 

Omar Castillo Alfaro (4ème année en art) 

Sur proposition de Marie de Brugerolle