01-10-2008

Ariane Michel

Après des études à l’École normale supérieure des Arts Décoratifs de Paris et au Pavillon, cellule de recherche du Palais de Tokyo, Ariane Michel développe une oeuvre filmique singulière. Sa façon de filmer les êtres vivants sous un angle d’ethnologue (science des comportements) crée un rapport particulier à l’écran, au cadrage, au son, qui induit une temporalité nouvelle. Saisissant par le détail des gestes, attitudes ou réflexes, les hommes et les bêtes prennent une présence dans le paysage qui redevient nature, au-delà du cadre. Notre perception en est troublée et il semble que le temps de l’image peut devenir, avec de telles oeuvres, celui de l’humanité. Extrait d’un entretien avec Olivier Pierre pour le journal du FID Marseille 2006 : OP : « Les Hommes peut être vu comme un documentaire animalier mais apparaît plutôt comme un récit mythique, un film fantastique, une fiction. » AM : « Dans ce film, les animaux sont des jalons. On les voit peu, mais ils encadrent le regard. Ils posent la vie sur terre et puis disparaissent. J’ai voulu que leur présence se diffuse dans le hors-champs et passe derrière la caméra. Là, juste où le spectateur se trouve. Alors le présent du film, se chargeant de leur regard, devient celui d’un lieu où l’on n’est pas : celui d’une espèce d’âme terrestre qui nous est étrangère. Voilà peut-être d’où vient ce sentiment du fantastique. C’est en tout cas ce que j’ai cherché à produire ». Documentaire? Fiction? OP: « Comment avez-vous pensé le montage du film, l’articulation des plans, avec l’ensemble des prises filmées? » AR : « Le montage est pensé dans un souci narratif au sens de la fiction. Il est fait pour poser des relations spatiales entre les lieux, les choses et les hommes, dans un temps continu. J’ai cherché à tresser un fil fictionnel quasi interrompu entre deux moments : le début du film où les hommes sont une rumeur étrange et indéfinie, inquiétante et quasi-abstraite ; et la fin où les humains, totalement intégrés par le paysage, disparaissent dans les pierres et le vent. Entre ces deux pôles, la présence des hommes est dramatisée par le regard que l’on porte sur eux. (...) La narration était déjà esquissée avant le montage. C’est la qualité émotionnelle des séquences et la nature de leur point de vue sur les hommes qui ont déterminé leur place dans le film. (...) Dans ce film, les personnages et les pierres sont considérés comme des personnages  ». Récemment, on a pu voir son travail dans les CNP à Lyon avec le film Les Hommes. Auparavant son projet THE SCREENING a été montré à Art Basel, son exposition à la galerie nationale du Jeu de Paume en 2006 ainsi que sa présence dans Voix Off au Centre d’art de Sète en 2007 ont permis de découvrir son travail. Elle fût lauréate du FID de Marseille en 2006.