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31-10-2012

Mathieu Kleyebe ABONNENC

En résidence actuellement à l’école pour préparer avec un groupe d’étudiants une exposition sous la forme d’une « étude graphique » de la revue Tricontinental, publication internationaliste éditée depuis Cuba entre les années 1960 et 1990, Mathieu Kleyebe Abonnenc évoquait en 2010 son travail dans ces termes : « J’ai le sentiment de travailler un peu comme un historien. Il y a une recherche au début, où je ne pense pas du tout à l’art. Puis, à un moment donné, la question devient celle de savoir comment à partir de cela on peut fabriquer quelque chose qui pourrait exister au nom de l’art et dans le lieu de l’art; de plus en plus, j’essaie de faire jouer ce lieu de l’art comme un moyen permettant de faire exister des choses qui n’ont plus lieu d’être, ou peut-être qui n’ont plus d’autre lieu où exister. (…) Ce que je fais en ce moment, c’est d’essayer de trouver tout ce qui s’est manipulé dans les années 1960 et 1970 par rapport aux indépendances africaines. J’essaie d’avoir suffisamment de sources pour sentir qu’à un moment certaines choses se déposent, se détachent d’elles-mêmes et apparaissent progressivement comme des évidences. Je fais du récolement d’archives, je scanne des documents, j’essaie de tout mettre en ordre… Est-ce le travail de l’artiste? Je ne sais pas. En tout cas, les historiens n’y sont pas allés. Et ce qui m’intéresse, c’est l’idée que tout d’un coup l’artiste peut arriver, faire ce travail parce qu’il l’envisage sous un autre biais et le montrer dans un autre lieu. La signature d’artiste, finalement, importe peu: je m’intéresse davantage au rôle de l’artiste comme producteur, traducteur, ou biographe. (…) Comment faire communiquer des sphères relativement séparées, celles de l’art, du cinéma, de la politique, pour arriver à renvoyer des objets dans l’espace de la diffusion du savoir – les librairies, les bibliothèques, les journaux? » [Extrait de la revue May, n°4, 2010]