05-02-2014

Rick Poynor

Les années 1960 ont vu l’apogée de la notion de « poésie concrète », un ensemble de pratiques à la croisée de la littérature, des arts visuels, de la performance et de la typographie. Elle consiste en une poésie de sons et de lettres, composée sur un plan libre dans l’espace de la page, usant souvent de jeux de langage et de signes typographiques. Sous cette appellation se retrouvent des artistes de tous pays, en Europe comme en Amérique du Sud. L’un des plus prolifiques auteurs de la poésie concrète est un moine bénédictin britannique, Dom Sylvester Houédard. Houédard a sa propre pratique de poésie visuelle, qu’il nomme « typestract » et compose à la machine à écrire en utilisant non seulement l’alphabet mais surtout des compositions proches du calligramme composées de points, tirets, virgules – une abstraction typographique. Il fut aussi un théoricien et un ardent promoteur et fédérateur de cette internationale de la poésie concrète. Après une période d’oubli suite à son décès en 1992, l’œuvre de Dom Sylvester est aujourd’hui relue par une nouvelle génération d’artistes, de designers et d’historiens, et a fait l’objet d’une publication récente, Notes from the Cosmic Typewriter, éditée par Occasional Papers à Londres. Rick Poynor, historien, enseignant au Royal College of Art de Londres, fondateur de la revue Eye, est l’un des auteurs de cette publication, et propose pour cette conférence une introduction à l’univers et au contexte de Dom Sylvester, personnage aussi singulier que son œuvre.