14-01-2009

Florence Lazar

Le travail de Florence Lazar met en pratique les questions de la fonction de l’objet artistique quand il tient de la fabrique des images et que celles-ci témoignent d’évènements qui ont mis en péril l’humanité. Comment aborder ces fragments de dialogues, ces récits douloureux ou ces tentatives d’explication logique de ce qui semble échapper à l’entendement : la guerre, la volonté d’un homme de dire à un autre homme « tu n’as pas le droit d’exister » ? Faut-il se placer du côté de l’esthétique, du politique, du sens, de l’histoire ? Les œuvres présentées dans l’exposition sont à prendre comme telles : des objets d’art qui remplissent pleinement leur fonction d’objets pensants. C’est-à-dire qu’elles nous font prendre position, dans une coprésence vivante où le regard est action. Photographies, films, forment un corpus de portraits dont la frontalité, l’échelle, le cadrage, sont construits pour nous mettre en présence, en face d’individus qui « pourraient être nous, ailleurs ». L’identification plus que l’identité, la quête d’une humanité qui puise au-delà des frontières et des tabous de la bonne conscience, sont au cœur du travail de Florence Lazar. Des hommes et des femmes, des enfants, rejouent parfois leur vie dans un théâtre que l’artifice n’atteint pas. Ses voyages, notamment en Serbie, l’impliquent et nous impliquent, non pas dans une bonne conscience du constat mais par une révolte presque ordinaire, d’un étouffement à l’autre. On peut être un héros national et un salaud domestique. Les rapprochements formels avec l’histoire de la peinture renforce la puissance politique à l’œuvre. Le cadrage de peinture d’histoire des Paysans, le tapis comme motif récurrent de la photographie Repos, cité les Bosquets 2008 ou la composition de scène de genre de Conversation, cité de Bergerac 2003-08 et Présentation, cité les Bosquets 2008 ou le lieu de la langue engagent un dialogue avec une histoire de l’art dont la forme comprend une pensée politique.