01-04-2009

Paola Salerno

Travaillant les images avec une conscience des limites globales en tant que sujet de ses investigations, (de Beyrouth à la Plaine Saint Denis et l’Italie du Sud), et impliquée dans une recherche documentaire rigoureuse, qui est son mode opératoire ou procédure conceptuelle, Paola Salerno essaie avec ses oeuvres de pointer les relations entre la pratique artistique et «l’impossible politique» dont parle Brian Holmes à propos de son oeuvre. Que ce soit dans le monologue d’Oreste Scalzone, ancien dirigeant d’Autonomia Operaia réfugié politique en France ou dans le discours de Francesca Salerno soeur de l’artiste qui fit campagne lors des élections locales de 2003, s’adressant à un auditoire qui ne semble pas conscient de ce qui se passe; même avec des vues de paysages formés par des «squelettes» d’architecture au bord de la mer Ionienne ou avec la reconstruction de Beyrouth, l’approche pragmatique de Paola Salerno rend compte du fossé entre l’héritage politique des idéologies et l’échec présent, le manque de perspective. Comment dépeindre cet espace à la fois métaphorique et réel, resté vide?.... (extrait, traduction d’un texte de Marco Scotoni, «A conçumaçao») Les plongées et contre-plongées, les vues de villes , de passants, de détails d’une humanité cadrée de façon frontale qui permet un face à face sinon une identification, l’élégance aristocratique d’autoroutes non terminées, rejoignent un certain vérisme qui fait écho à Pasolini ou aux photographes du New Deal. Cependant chez Paola Salerno, la contextualisation par l’accrochage, qui joue parfois contre les attendus normés, entraîne une possible implication du spectateur, qui doit reculer, se pencher, se tourner, prendre position pour voir.