03-02-2021

Julie Perrin

© Photographie de Buck O’Kelly

Expérimenter et créer (dans) l’environnement : la création collective selon Anna et Lawrence Halprin

Pour cette conférence, nous commencerons par regarder la photographie de Buck O’Kelly ci-dessus, documentant la pièce d’Anna Halprin City Dance (probablement 1970) :

La chorégraphe Anna Halprin née en 1920 et son mari architecte Lawrence Halprin (1916-2009) ont développé dans les années 1960 en Californie des outils et une pensée de la création collective très stimulants. Cette conférence reviendra sur l’atelier d’été de 1968 intitulé « Experiments in environment » [Expériences dans l’environnement], crucial dans leur parcours, car il concentre et galvanise un certain nombre de pratiques urbaines et performatives et préfigure une théorisation et une technique de la créativité collective à travers un processus cyclique nommé RSVP (pour Ressources, Score, Valuaction, Performance). Relativement bien documenté par des photographies et quelques films, l’atelier est aussi décrit dans deux ouvrages : The RSVP Cycles: Creative Processes in the Human Environment (New York, George Braziller, 1969) signé par Lawrence Halprin et Taking Part: A Workshop Approach to Collective Creativity cosigné avec l’architecte Jim Burns (The MIT Press, 1974) et auquel contribuent Anna Halprin et Paul Baum (danseur et psychologue spécialisé dans les relations et la thérapie de groupe). D’une durée de 24 jours, l’atelier rassemble 40 participants : architectes, danseurs, designers, performers, photographes, sociologues, psychologues, urbanistes. Autrement dit, des personnes outillées différemment pour aborder l’environnement, mais assurément soucieuses de la dimension spatiale et collective de l’activité humaine. 
Mon enquête a consisté à comprendre ce qui s’est fait pendant cet atelier : quelles pratiques et quelles questions a-t-il soulevées ? Et en particulier, à m’interroger sur ce qu’il fallait entendre par « environment ». 

Julie Perrin est maîtresse de conférence au département danse de l’université Paris 8 Saint-Denis (laboratoire MUSIDANSE), chercheuse à l’Institut Universitaire de France (2016-2021) et membre de l’association des chercheurs en danse.

Ses recherches portent sur les savoirs propres à la danse contemporaine à partir de 1945 aux États-Unis et en France, en particulier sur la spatialité et la chorégraphie située. La relation esthétique constitue le cœur de la réflexion qui se déploie à travers l’analyse des œuvres en interrogeant les processus perceptifs qu’elles suscitent, leurs modes de composition, ou encore le travail du danseur en situation de création ou de transmission.

Ses enquêtes sur la création contemporaine et le discours des artistes ont donné lieu à plusieurs ouvrages : Projet de la matière – Odile Duboc : Mémoire(s) d’une œuvre chorégraphique (CND / les presses du réel, 2007) ; Figures de l’attention. Cinq essais sur la spatialité en danse (les presses du réel, 2012) ; Composer en danse. Un vocabulaire des opérations et des pratiques (avec Y. Chapuis et M. Gourfink, Les presses du réel, 2019). Et à la codirection de plusieurs publications : Histoire(s) et lectures : Trisha Brown/Emmanuelle Huynh (avec Emmanuelle Huynh et Denise Luccioni, les presses du réel, 2012) ; Odile Duboc. Les mots de la matière (avec Françoise Michel, Les Solitaires intempestifs, 2012). Écrits disponibles sur : www.danse.univ-paris8.fr