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22-05-2018

Écriture Éditoriale : Esther Le Roy, Michel Aphesbero, Clément Dirié

 

Trois conférences autour de la question de l’Écriture Éditoriale.

Écriture Éditoriale

On pourrait donner la définition suivante de l’écriture éditoriale : ce qui s’énonce d’un projet éditorial dans sa mise en forme même.

Choisir le terme de mise en forme, et non celui de design graphique, c’est souligner le fait que ce dont il est question ici s’étend au-delà du seul périmètre de la mise en page. Parler d’écriture éditoriale c’est en effet considérer la mise en forme d’un ouvrage comme un processus collectif, qui est à l’œuvre bien avant que la mise en page ne débute. Le design, ainsi envisagé, serait un processus dont le designer serait le garant sans en être pourtant le seul, ni même le principal acteur. Parler d’écriture éditoriale c’est reconnaître aussi que l’avènement de cette forme particulière d’expression est toujours tributaire du contexte de son émergence, façonnée par les différents acteurs en présence, les contraintes financières et techniques, les aléas de tout ordre. Le designer ne peut pas tout. Et cela peut être un atout, pour peu qu’il le sache.

Stuart Bailey citant Robin Kinross, aime dire que « design » est un verbe, et non un substantif. C’est une façon de dire que cette pratique n’est intéressante que si elle consiste en une suite d’actions concertées (le plus souvent collectives) au cours de laquelle quelque chose prend forme. C’est également une façon de déplorer que le design soit trop souvent considéré comme une substance que le designer sécréterait naturellement, comme l’abeille le miel, et dont on pourrait recouvrir la surface d’objets, devenus, par cette simple opération, design.

Si « design » est un verbe, l’écriture éditoriale en est certainement un des plus beaux compléments d’objet.

Esther Le Roy

Esther Le Roy est designer-typographe. Sa pratique, inscrite pour l’essentiel dans le champ de l’art et de la culture, va de l’édition à l’exposition, en passant par la création d’identités visuelles pour des commanditaires publics ou privés.

Plutôt que de considérer le design comme une quête de nouvelles formes de représentation, elle l’envisage comme un moyen de faire émerger de nouvelles significations. C’est la raison pour laquelle, elle cherche à instaurer une relation de collaboration avec ses commanditaires, et considère le dialogue comme le moyen le plus sûr d’aboutir à des solutions sur mesure, où la forme résulte de la rencontre d’un contenu et d’un contexte spécifiques.

Elle a volontiers une approche autoréflexive et engagée du design éditorial, et considère le livre comme un medium qui, se prêtant à toutes les métamorphoses, est capable de révéler des significations inédites, pour peu que l’on interroge sa forme, ou que l’on mette en question les canons et les lieux communs qui le fondent.

Elle enseigne la typographie et le design éditorial à l’Ensav – La Cambre, et s’intéresse de près aux pédagogies expérimentales, alternatives et critiques.

Esther Le Roy nous présentera deux projets particulièrement représentatifs de sa pratique : le catalogue d’exposition The Age of Entitlement de Sven ’t Jolle (Wiels, Bruxelles) et Fight, Fore, Free, To, One de Delphine Deguislage. Elle nous expliquera également pourquoi elle choisit de se présenter comme designer-typographe — deux termes qui renvoient à une forme collective d’écriture dont le designer est le garant.

Michel Aphesbero

Dans son intervention intitulée True Adventure, Michel Aphesbero nous parlera de l’édition comme déplacement, contrebande et rebond. À cette fin, il multipliera les points d’entrée en évoquant des objets apparemment éloignés : Vase élégance (pour Roy Orbison), De 2 carrés (El Lissitzky), Un an à Séville pour toujours (suivi d’Un petit tour par la cuisine), Hollywood Sign déménagé, Pied de biche (pas d’écran aujourd’hui), King Size (Elvis vous parle), Natures mortes de la police (Evidence), Fads, Ed Fella...

Michel Aphesbero est avant tout un trafiquant d’idées. Concepteur d’expositions, consultant en identité visuelle, éditeur, il n’a jamais cessé de se déplacer, d’un pays à un autre, d’une pratique à une autre.

Il crée en 1978, avec Danielle Colomine, la revue 4 Taxis, outil éditorial pour se façonner un mode de vie où l’art se vit comme expérience, comme rencontre : ils exploreront ainsi New York (1979), Berlin (1980), Barcelone (1982), Los Angeles (1983), São Paulo (1987).

À la fin des années 1970, Michel Aphesbero rejoint l’École des Beaux-Arts de Bordeaux, où il enseignera jusqu’en 2016. Il s’engage avec Danielle Colomine, et Jean Calens qui les rejoint plus tard, dans une expérience pédagogique singulière, dont un ouvrage, publié en 2014, rend compte de façon très documentée : PNCI. Pensée nomade, chose imprimée. Histoire d’un atelier de l’école des Beaux-Arts de Bordeaux, 1989 – 2013.

Il fut par ailleurs le premier graphiste du CAPC de Bordeaux, dont il inventa la devise : « Notre logo c’est l’Univers ». Il a également collaboré au Dictionnaire du rock de Michka Assayas et au webmagazine Rosa B.

Clément Dirié

Considérer l’éditeur comme un chef d’orchestre constitue sans aucun doute une image appropriée pour décrire le rôle d’ensemblier que suppose cette fonction dans la longue chaîne du livre. La comparaison musicale s’avère être encore plus adéquate si l’on envisage l’écriture éditoriale comme le résultat d’une interprétation – comment rendre compte d’une pratique artistique, curatoriale, via l’objet livre ? – et d’un patient travail de rythmes et de séquençage. À partir d’exemples choisis, l’intervention mettra en valeur quelques démarches et stratégies de l’édition comme interprétation.

Historien de l’art, critique d’art et commissaire d’exposition, Clément Dirié est éditeur spécialisé en art contemporain. De 2004 à 2009, il a exercé au sein du Département Art moderne et contemporain des Éditions Flammarion, tout en collaborant, en free-lance, avec la Cité de l’Architecture et du Patrimoine, les Éditions de La Martinière, Beaux-Arts Magazine et les Musées de Strasbourg. Avec Laetitia Chauvin, il est co-rédacteur en chef de la revue semestrielle Code Magazine 2.0 consacrée à la jeune création entre 2010 et 2015. En mai 2009, il ouvre le bureau parisien de l’éditeur suisse spécialisé en art contemporain JRP|Ringier. Depuis 2016, il en est directeur éditorial. Il enseigne actuellement la pratique et connaissance de l’édition au sein du Master 2 professionnel « L’art contemporain et son exposition » à l’Université Paris-Sorbonne (Paris-IV).

De 14h à 18h - Grand amphi de l'Ensba
14h : Esther Le Roy
14h50 : Michel Aphesbero
15h40 : Clément Dirié
16h30 : pause
16h50 : table ronde

Programmation organisée par le master Design graphique de l’Ensba Lyon.

Conférences ouvertes au public, dans la limite des places disponibles.